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Écrire plus vite un scénario ou un roman grâce à l'IA?

  • Déborah Braun
  • 6 oct.
  • 2 min de lecture

Lorsque j’ai débuté en montage, il n’existait encore que quelques films qui se montaient en pellicule. Le virtuel s’imposait rapidement avec l’idée que l’on allait enfin gagner du temps, et donc réduire les coûts : déplacer un plan prenait désormais quelques secondes, contre plusieurs minutes auparavant, et on pouvait conserver, réutiliser, combiner plusieurs versions d’un même montage 

(Je me rappelle aussi qu’à l’époque une semaine de location de machine coutait plus cher qu’une semaine "homme", ce qui m’avait beaucoup choqué.)

Certains producteurs ont alors proposé des temps de montage réduit de moitié...


Mais si le temps technique est économisé, le temps de réflexion, lui, est incompressible (et forcément humain). 

On ne peut pas correctement monter un film plus vite que le temps nécessaire pour trouver la justesse et l’émotion.

C'est évidemment applicable à toutes formes de création.


Je me souviens également que plus tard, devenue chef monteuse, j’ai régulièrement été happée par la facilité du virtuel : quand je me retrouvais face à une scène qui ne fonctionnait pas, je me mettais à déplacer, couper, rallonger des plans dans tous les sens pour trouver comment résoudre le problème. 

En vain à presque tous les coups. 

La solution arrivait quand je m’éloignais de la machine, reprenais un stylo, mon cahier, et me laissais le temps de réfléchir, consciemment et inconsciemment.


Aujourd’hui, de la même façon, la tentation d’accélérer l’écriture avec l’IA se fait sentir, et la pression pour écrire plus vite un scénario, ou un roman, avec l'IA est forte.


Mais l’IA ne peut rien créer. Elle compile, combine et réagence. Elle standardise. Car si elle est un perroquet brillant, elle est néanmoins un perroquet. Elle peut être un outil formidable, mais il ne faut pas lui sous-traiter le temps de réflexion. Elle ne réfléchit pas. 

Le chaos de la vie lui est inconnu, les émotions qu’elle génère aussi. 

Or les idées naissent justement de là : du désordre, du vécu, du ressenti, de ce qui échappe, de ce qui rapproche. Une œuvre touche par les émotions qui la portent et la traversent. 


Sans émotion il n’y a que de l’ennui.


Réduire le temps de réflexion, le déléguer, c’est risquer de produire du correct et de l’efficace, mais vide.

Picasso disait : « L’inspiration existe, mais elle doit vous trouver en train de travailler ». La création naît du tango entre l’intuition et le savoir-faire. Les deux sont humains. 


Le temps de réflexion n’est ni un caprice d’auteur, ni un luxe. C’est la condition de la singularité d’une voix, d'un auteur.

Et le spectateur, le lecteur, sait très bien faire la différence.


Le temps de réflexion en écriture de scénario ou roman

 
 
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