Du danger de trop réécrire
- Déborah Braun
- 28 juil.
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 6 oct.
On le sait, la première version n’est « qu’» une base. La réécriture est non seulement inévitable, elle est nécessaire. (Cela dit, si le premier jet est trop fragile, il s’effondrera sous le poids des corrections et il ne restera qu’un tas informe d'idées. Et aucune réécriture ne pourra rien sauver.)
Parmi les outils de réécriture les plus utilisés, et conseillés : le ciseau.
On coupe ce qui dépasse, ce qui alourdit, ce qui se répète ou n’appartient pas à l’histoire ("kill your darlings"). On fait de la place pour que le scénario respire, trouve son chemin, son souffle, son inéluctabilité et son évidence.
Mais attention : le ciseau est une arme à double tranchant
Le danger est de tellement couper que seul l’auteur finit par comprendre ce qu’il a écrit. Ivre de tant d’épure, il ne voit pas qu’il est le seul à voir une histoire là où il ne reste plus assez.
Il n’y a alors plus rien pour l’autre, pour celui avec lequel on cherche à faire lien : le spectateur, le lecteur. L’auteur voit encore l’histoire, parce qu’il la connaît intimement. Mais ce qu’il tend après avoir trop coupé, c’est un récit desséché, avec la peau sur les os. L’espace pour ressentir, pour vibrer a été réduit à néant.
Il ne s’y passe plus rien.
L’auteur est revenu à un tête à tête avec son texte, il n’y a plus de place pour l’autre, plus de place pour projeter et s’émouvoir. Le récit s’est refermé et s’est vidé de son souffle. L’histoire a disparu, laissant derrière elle une ombre que seul l’auteur décrypte.
Alors une fois la porte ouverte, prenez garde à ne pas la refermer si vous voulez que votre histoire vive ailleurs que dans votre tête.
“Write with the door closed, rewrite with the door open” Stephen King.
PS: ceci est valable autant pour la phase d'écriture que pour la phase de montage



