L’attention molle, outil de réécriture
- Déborah Braun
- 14 mars
- 2 min de lecture
Lorsqu’on écrit, le premier jet est souvent un moment de liberté où l’on se laisse aller, où les idées fusent et où l’histoire prend forme. On peut partir dans tous les sens, prendre des chemins de traverse, être à l’écoute de l’histoire et de ses personnage, se laisser faire.
Mais ensuite vient la réécriture, c’est-à-dire le moment où l’on n’écrit pas que pour soi, mais pour les autres. Et avec elle, la nécessité de relecture. Mais comment être à la fois lecteur et auteur ? Comment être à la fois dedans et dehors ?
Grâce à l’attention molle !
Cette méthode, je l’ai appliquée pendant mes années de montage. Lorsque je visionnais un montage, il fallait que j'oublie ce que j'avais fabriqué. Il fallait que je me laisse faire. Que je passe de la position de fabrication à la position de spectatrice.
Pour cela, je changeais parfois de place, je me mettais dans un autre coin de la salle pour adopter un nouveau point de vue. Ou alors je regardais d’un œil plus détendu, mais néanmoins curieux. Ce qui permettait à des évidences de surgir, claires et évidentes, et de voir ces détails qui m’avaient échappé lorsque je prêtais trop d’attention, lorsque j’étais trop cérébrale.
C’est ce que j’ai surnommé « l’attention molle. »
L'attention molle, c'est une sorte de vigilance instinctive. On reste en alerte sans être tendu. On observe, on ressent, sans forcer. C’est un équilibre subtil, comme un fauve qui ne dort jamais tout à fait, prêt à bondir à la moindre alerte.
C'est le même principe quand on réécrit un scénario ou un roman.
Comme un tango, c’est un mouvement maîtrisé mais animal, une danse entre rigueur et fluidité. C’est ce qui permet de faire naître quelque chose de vivant, à la fois construit et imprévisible. Organique.
Et quand c’est abouti, on ne sait même plus comment on y est arrivé, on est soi-même emporté. L’œuvre a pris son propre rythme, sa propre vie.
