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L’importance des détails dans un scénario

  • Déborah Braun
  • 21 nov.
  • 2 min de lecture

On dit souvent que le scénario n’est pas un texte littéraire, et c’est vrai. Mais le scénario ne doit pas être froid, analytique, ou objectif pour autant. Car si les mots d’un scénario n’ont pas vocation à faire ressentir, ils doivent faire voir ce qui fait ressentir. C'est le même but, mais pas le même médium. Et les détails sont essentiels pour faire voir.


D’ailleurs, ce qui manque souvent à certains scénarios n’est pas l’histoire (il est rare qu’elle n’y soit pas), mais l’épaisseur qu’apportent les détails pertinents. Plus précisément ceux qui font sens, informent, renseignent, donnent des indices, inquiètent, menacent, annoncent…En général, s’il ne sont pas là, c’est parce que le scénariste pense que « ce n’est pas nécessaire » ou que « c’est évident » ; ou bien il s'attache à décrire des choses qui ne sont pas importantes et finit par diluer son histoire.


Pourtant ces détails pertinents sont indispensables car ce qui se voit fait comprendre ce qui se dit vraiment. Par exemple :(nb : cet exemple est écrit à traits épais pour la démonstration, merci d’en tenir compte 😉)


« Jane s’arrête un instant sur le pas de sa porte avant d’entrer chez elle. Elle prend une grande inspiration puis décide d’afficher un visage détendu. Elle tourne la clef dans la porte et entre. John est sur le canapé, il regarde sur l’écran un stream de gamer.


Jane

Bonsoir John


John sourit sans la regarder, puis répond en prenant quelques chips


John

Bonsoir chérie »


vs


« Jane s’arrête un instant sur le pas de sa porte avant d’entrer chez elle. Elle prend une grande inspiration puis décide d’afficher un visage détendu. Elle tourne la clef dans la porte et entre. John est assis sur un tabouret haut au milieu de la pièce, face à la porte. Il la fixe.


Jane

Bonsoir John


John sourit méchamment


John

Bonsoir chérie »


Il est important de noter qu'il n'y a pas de mots comme "énervé" "déçue" "menace" "peur" "ému" ou autre qui décriraient un état intérieur. Les mots décrivent les gestes, qui eux trahissent l'émotion. On peut si besoin associer les deux "...en colère, elle serre les mâchoires."


Ces détails descriptifs permettent au lecteur/spectateur (prod, réal, acteur, monteur, etc) d’être impliqué, de vouloir connaître la suite, de comprendre les enjeux, et de les mettre en place. Dans le cas contraire on perd la part la plus importante de l’ambiance, de l’intention, de la direction de l’histoire et du sous-texte. Le lecteur s’ennuie à lire/regarder une succession d’actions, ou bien imagine une autre histoire que celle que le scénariste voulait raconter. Et lorsqu’une scène clé arrive, on a l’impression qu’elle tombe du ciel.


Pour autant, seuls les détails pertinents doivent être présent. C’est-à-dire ceux qui « jouent » dans la scène actuelle ou une scène future, ou racontent une évolution (une guitare électrique rutilante au début, poussiéreuse plus tard, un regard complice échangé,...).


Autrement dit :

« Supprimez tout ce qui n'est pas pertinent dans l'histoire. Si dans le premier acte vous dites qu'il y a un fusil accroché au mur, alors il faut absolument qu'un coup de feu soit tiré avec au second ou au troisième acte. S'il n'est pas destiné à être utilisé, il n'a rien à faire là. »

Anton Tchekov


L’importance des détails dans un scénario
L’importance des détails dans un scénario

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